Dans la douceur du foyer

A : Caitlyn
De : Correspondance Maternelle
Objet : Dans la douceur du foyer 

Tu le sais on ne peut mieux que personne : tu es née dans notre salon.

Quelle aventure, quelle belle aventure... Des mois, ou des années peut être, à me préparer. Depuis la naissance de ta sœur, en fait. C'est cette première expérience qui m'a donnée envie d'autre chose, comme on dit. Un accompagnement plus humain, plus respectueux, mois invasif, moins impersonnel. Une autre façon d'aborder la grossesse, et son joli point final : l'accouchement.

Trois années de lectures, de rencontres, de partages. Des rencontres de professionnels de santé, durant ma grossesse, des rencontres de femmes et de mères, avant, pendant. Des lectures, d'ouvrages sur le sujet, de témoignages. Tout cela m'a nourrie. Cela m'a donné la force nécessaire pour être sûre de moi. Sûre de nous en fait. Sûre que tu savais, au creux de mon ventre, comment sortir. Sûre que mon corps savait faire, qu'il n'avait pas "besoin de moi", finalement. Sûre qu'ensemble, toi et moi, on le ferait. 

Pas seules, bien sûr, accompagnées par Papa et par Sage Femme. Dans le salon ne veut pas dire sans surveillance, qui se doit de rimer avec bienveillance... Une autre naissance, plus douce, ô combien plus douce, sereine, et différente que celle de ta sœur. Une belle expérience.
Une expérience unique, voilà ce que tu m'as offert ! Un passage, une épreuve transcendante, vécu par toi et moi de façon si spéciale ! Nos corps à l'unisson pour mener vers la Vie.

Dans la douceur de notre maison, entourée de peu de personnes, dans le noir ou presque. Tout un travail en totale liberté, pas branchée de partout avec des fils m'empêchant de bouger, des bruits m'empêchant de me laisser aller, sans lumière pour m'éblouir et me déconcentrer. Deux personnes qui me connaissent bien pour m'accompagner. Et c'est tout. Finalement, pas besoin de grand chose pour accoucher... Du respect, de l'amour et de la bienveillance. Le tout entouré d'une belle énergie. 
Une belle énergie est née ce matin là de début d'année. 


Du respect, de l'amour et de la bienveillance, voilà tout ce dont a besoin une mère pour donner la vie. 
Pourtant Caitlyn, c'est une expérience rare que peu de gens connaissent, la naissance à domicile. Tu fais partie du tout petit ridicule 1% de bébés qui naissent à domicile en France (Combien choisis ? Combien impromptus ?). 
Ya du chemin à faire pour faire bouger les mentalités. Pourtant, c'est possible, pas besoin d'être une hippie vivant au milieu de la forêt ! Tu sais bien que si j'ai certains côté hippies, je n'en suis pas moins une jeune femme dans l'air du temps... Accoucher chez soi, c'est être surveillée, faire les même examens médicaux que n'importe quelle femme enceinte doit faire, c'est devoir être proche d'une maternité où l'on fait un double suivi. C'est devoir être en bonne santé jusqu'au bout de la grossesse. C'est malgré tout la possibilité d'un transfert avant, pendant ou après l'accouchement. Parce qu'à nos côtés, une sage femme libérale compétente et expérimentée saura reconnaître les signes qui font que là, à l'instant T, rester à la maison n'est plus possible et que maman ou bébé ont besoin de plus d'aide.

Mais malgré tout, cette naissance unique, c'est pouvoir aujourd'hui dire haut et fort que oui c'est possible, que non ce n'est pas plus dangereux, et que le respect, l'amour et la bienveillance que ce type d'expérience permet, valent largement le coup. Oui, il y a besoin des maternités pour accompagner certaines mamans et leurs bébés. Oui, les actes médicaux et chirurgicaux ont sauvé, sauvent et sauveront encore de nombreuses personnes.
Avoir le choix du lieu de naissance de son enfant devient difficile en France.

Pourtant, j'ai eu la chance avec toi ma fille d'être accompagnée dans ce choix. J'espère que tu l'auras à ton tour lorsque tu deviendras mère.

Et hop

A : Caitlyn
De : Correspondance Maternelle
Objet : Et hop

Tu grandis si vite. Bientôt une demie année. Oui je sais, le refrain "mon Dieu qu'ça grandit vite !" on le ressort à toutes les sauces, à toutes les occasions et toutes les mères le disent : profite, ça passe vite.

Quand t'as la tête dans le guidon, coincée dans le quotidien entre deux tournées de linge et un repas à préparer, le tout parsemé de bêtises d'une petite de trois ans et de toute l'attention dont a besoin un nouveau né, tu t'en rends pas forcément compte, et t'as qu'une envie c'est que oui, ça passe vite. Et puis...

On a passé 4 mois de galère. Tes quatre premiers mois de vie, j'ai l'impression que c'était ya une éternité tellement depuis notre quotidien est... différent. Ces quatre mois là, ils ont été difficiles pour toi comme pour moi, et pour toute notre famille, en fait. Pourquoi tu hurles de faim ? Pourquoi ça ne se passe pas comme avec ta soeur ? Pourquoi c'est si dur là de te nourrir, alors que c'était si évident pour la première, merde quoi, j'ai de l'expérience, des connaissances, je suis entourée de gens compétents sur l'alimentation du nourrisson mais... Mais.  Mais non, ça veut pas.

Il m'aura fallu du temps mon bébé pour trouver ce qui n'allait pas. Je te demande pardon. Ca a été dur, pour toi aussi, c'était long, toutes ces journées. Tu hurlais que ça n'allait pas, et il nous a fallu attendre, encore ! Une fois le diagnostique posé. Attendre, encore, des semaines, dans le stress. Oh oui du stress, des larmes et des cris.
Je sais, ça fait un peu film dramatique sans happy end. Promis, ya une happy end, mais putain que le film est dur, jusqu'à arriver à la fin. Du stress, des larmes et des cris, et un voyage.

Notre vie prend un nouveau départ, après le retour et ces quelques heures loin là bas. Presque, une renaissance. Quelques jours à composer, toi et moi, un nouveau duo, et hop. 

Et oui, aussi simple que ça : et hop, ça y est, ça roule. Et hop, un bébé plus serein, et hop un bébé qui redémarre sa prise de poids, et hop un bébé qui grandit, et hop un bébé qui n'a plus faim, et hop une maman sereine, et hop le lait qui coule à flot.

Une intervention aussi simple que d'écrire et hop. Et hop quatre mois oubliés.

Et hop, quatre mois oubliés... Ou presque.

Au début, la Vie

A : Agathe
De : Correspondance Maternelle
Objet : Au début, la Vie

Aujourd'hui, un peu de ton histoire à toi, Agathe.
Au début, il y a l'attente.

Devoir attendre pour devenir mère. Attendre que notre situation le permette, attendre que se soit le bon moment, du moins qu'on soit un petit peu plus stables... Parce que je ne crois pas qu'il y ait de meilleur moment. Un meilleur boulot, une meilleure maison, une meilleure voiture, un meilleur salaire... ? Est ce qu'on arrive un jour à atteindre tout cela ? Je crois que le meilleur moment, c'est encore celui que l'on choisit. Bon d'accord, des fois on choisit pas, alors on compose avec cette surprise. Mais nous avons pu choisir, à partir de quel moment on était d'accord tous les deux pour qu'un bébé arrive prochainement dans notre foyer...

Cette attente a duré plusieurs années pour pouvoir t'autoriser à t'installer... Et tu auras fait ton nid en Juin 2010. Plusieurs années de désir d'enfant à t'en arracher les entrailles, parce que quand même, un bébé sur les bras en étant ado, ça le fait moyen. Oui mais des fois, tu as beau avoir 17 ans, cette envie est là, bien là, et te fait pleurer quand tu croises un nouveau né au centre commercial. Alors tu vois ma puce, quand à ton tour "Je sera une Maman avec un bébé dans mon ventre", j'espère que tu arriveras à patienter plus sereinement que moi...

Et puis, ensuite il y a l'attente.

Ca y est, bébé est installé. Plus ou moins vite, plus ou moins facilement. L'attente a une fin : dans 9 mois. Dans 9 mois, à quelques jours près, Bébé sera parmi nous. Avec plus ou moins de facilité, plus ou moins de vomis ou de problèmes de dos, on passe ces 9 mois : les premiers coups, le ventre qui grossit, les affaires à préparer... Et se préparer, pour LE moment. Un accouchement, on s'y prépare. Bon ça pour toi, je m'y suis bien moins préparée que pour ta petite sœur. Pour toi, j'ai tout misé sur l'allaitement. J'ai lu, lu, lu, ingurgité beaucoup d'informations sur le sujet pour avoir toutes les clés, les bonnes clés, pour réussir à t'allaiter au sein. L'accouchement, j'ai fait confiance au corps médical, à la Maternité où tu es née. Aujourd'hui je regrette certaines choses, mais je sais que ta naissance m'a permis de faire le chemin nécessaire pour aller au bout de la naissance de ta petite sœur. Comme un passage obligé pour apprendre certaines choses, et souhaiter un autre accompagnement, une autre histoire pour ta petite sœur.

Les derniers jours avant ta naissance ont été très durs. Je ne pouvais plus marcher, monter les escaliers était une torture. Je t'ai attendue, en étant en alerte permanente, "et si c'était maintenant ?", "oh ça pourrait dire que ça commence !"... Pas vraiment sereine, stressée aussi de cet inconnu(e).

Bien que nous partagions le même corps depuis 9 mois, tu étais inconnue pour moi, un bébé, ça marche comment ? T'es sûr qu'on n'a pas fait une connerie ? Hein non en fait je ne veux plus... Toutes ces questions, je crois que chacune se les pose. Toi aussi, un jour tu te les posera mon trésor.
Et puis une Inconnue est née un matin de mars 2011, une belle poupée propre, rose et magnifique, née sans un cri. Tu as tété tout de suite, n'en déplaise à la puéricultrice présente et sous les yeux ébahis de la sage femme étudiante présente lors de ta naissance ! Oui, comme dans les livres, quand on laisse le bébé qui va bien contre sa maman, a à peine quelques minutes de vie, hop, il tète le sein qu'on lui présente...

Ca y est, une nouvelle Vie commence. Et cette Inconnue, je l'aime déjà, tellement.

Bienvenue

A : Lecteurs de l'Internet
De : Correspondance Maternelle

Objet : Bienvenue !

Cher lecteur, chère lectrice, 

Je ne sais pas ce qui t'aura mené(e) jusqu'à moi. Des fois, les mystères de l'Internet... Je démarre ce blog le 26 juin 2014. J'ai une petite fille de 3 ans, et une deuxième fille de 5 mois. Je suis une jeune maman, et j'ai envie d'écrire. La forme sera, je l'espère, originale et facile à lire. Je souhaite écrire des à mes filles, et à vous, pour partager notre quotidien, nos plaisirs, nos activités, mais aussi ma vision, notre vision, du maternage et de l'éducation... Ecrire à vous, écrire pour moi, écrire pour mes filles. Pour garder une trace écrite, de notre Vie. 

"Alors, je crois qu'écrire, pour un médecin comme pour n'importe qui, c'est prendre la mesure de ce qu'on ne se rappelle pas, de ce qu'on ne retient pas. Écrire, c'est tenter de boucher les trous du réel évanescent avec des bouts de ficelle, faire des nœuds dans des voiles transparents en sachant que ça se déchirera ailleurs. Écrire, ça se fait contre la mémoire et non pas avec.
Écrire, c'est mesurer la perte"
La maladie de Sachs, Martin Winckler.

Bonne lecture, à bientôt. Des jeux dans le jardin m'appellent...